Visibles sur la route du barrage ou route de Koé, quelques centaines de mètres après avoir quitté la RT1, les ruines de la sucrerie de Nimba sont un des vestiges les mieux conservés de l’épopée des sucriers de Dumbéa.
Evenor Degreslan et Paul Duboisé fuient la crise sucrière sur l’ile Bourbon et s’installent en Nouvelle-Calédonie en 1863 et 1864.
Ils s’associent pour planter la canne à sucre et monter une rhumerie. Ils s’installent sur la rive gauche de la Dumbéa, à Nimba, suivis de créoles et de malabars réunionnais, sur des terrains loués à Didier Numa Joubert : 132 hectares sur la plaine de Nimba.
Le Gouverneur Guillain promit une prime de 500 hectares au premier colon qui parviendrait à doter la colonie d’une sucrerie. Numa Joubert, associé au réunionnais Gustave Clain toucherons la prime, en juin 1868. Evenor Degreslan la touchera finalement également trois ans plus tard en 1871.
Il reçoit une concession gratuite de 500 hectares sur la rive droite qui s’entendait depuis le départ de la route de Nakutakoin après le pont sur la Dumbéa jusqu’au bas du col de Katiramona.
Les deux férus d’agriculture réalisent un jardin d’essai à Nimba pour étudier le rendement de différentes sortes de cannes et pour acclimater des tubercules comestibles et des arbres fruitiers (1).
Ils introduisent ainsi la patate douce, le letchi, l’avocat, les mangues et plantent même du riz. Evenor Degreslan, plante également autour de sa demeure toutes sortes d’arbres de palmiers, de plantes exotiques qu’il fait venir de la réunion : sapotiers, kapotiers, cerisiers de Madagascar, pommiers de Cythère, citronnelle, vanille… On prête même à Evenor Degreslan l’introduction du Merles des Moluques pour lutter contre les invasions de sauterelles (4).
Paul Duboisé épousera Rose Joubert, la fille de Didier Numa Joubert (3) et reparti quelques années plus tard en Australie, à Hunter hills, dans le fief des Joubert (1)
Evenor Degreslan devient propriétaire en 1871 de la plaine de Nimba qu’il rachète à la fille de Numa Joubert et possède en 1872 plus de 2300 hectares.
Dès 1867, il fait parti du conseil privé du Gouverneur et est chargé, en 1874 de recenser la population blanche du sud de la colonie.
Il préside à deux reprises la commission municipale de Dumbéa et siègera au Conseil général en 1885.
Evenor Degreslan a fondé la franc-maçonnerie en Nouvelle-Calédonie, l’Union calédonienne qui relève du Grand Orient.
A proximité des vestiges de la sucrerie de Nimba, face à l’allée des Palmiers, la résidence, une grande demeure de style colonial construite entre 1865 et 1869 par Degreslan- Duboisé, désormais propriété Fayard a été restaurée depuis que son toit a été arraché par le cyclone Erica en 2003.
Acquise par Victor Fayard en 1926 elle fût également propriété de John Higginson de 1878 et à sa mort en 1904, ses héritiers la louèrent à la famille Lemoy qui en fit un restaurant vers 1911.
Toujours à côté des vestiges de la sucrerie de Nimba, côté route du barrage, face au trou sans fond, une solide maison d’époque qui fut habitée successivement par Léon Fayard et Charles Fayard, aujourd’hui décédés.
Cet ensemble de constructions offrent un témoignage inestimable de l’épopée des sucriers de Dumbéa.
Patrick DE VIVIES
(1)La Dumbéa des années 30, Henri Daly, bulletin n°64 SEH
(2) Toi qu’on appelle Dumbéa, B. Fustec
(3) D N Joubert, Pionnier Malchanceux, Claude Cornet, n°112 SEH
(4) La canne à sucre dans la vallée de la Dumbéa, D N Joubert, n°112 SEH
Photos anciennes :
ANC. Collection Brun Dequen 1Num 11-392 Propriété Higginson (Numba) – Dumbéa
ANC Album Robin – de Greslan 1 Num 1 – 23 E. Robin « Plaine de Némba, Propriété Duboisé et Grelan, Dumbéa », 1868.
ANC. Album Raoul de la VAISSIÈRE 1 Num 4 -44 Homme dans un champs de canne à sucre.
ANC Album de l’Archevêché de Nouméa 1 Num-2 – 983 Allée des Palmiers à Dumbea