P1020793Les dés sont jetés. Le chantier de Dumbéa-sur-mer est bien engagé. Et quel chantier ! En dix ans, ce sont plus de 6000 logements qui vont sortir de terre, dont 3000 logements sociaux en locatif ou accession à la propriété.

P1020823Le chantier du siècle

C’est donc une ville nouvelle de près de 25 000 habitants qui se construit sous nos yeux sur 500 hectares. La création des zones d’aménagement concerté (ZAC) de Dumbéa-sur-mer et de Panda devraient permettre en théorie de faire financer les équipements publics par les promoteurs (un collège, six groupes scolaires, deux stations d’épuration, 47 kilomètres de routes, 200 kilomètres d’adductions en eau potable …).P1030080

Un héritage du passé lourd à porter

P1030017C’est une grande nouveauté par rapport aux grands chantiers de la décennie précédente qui a laissé à la municipalité la charge de financer et de construire les équipements publics nécessaires à l’accueil des populations nouvelles. Deux lotissements (Jacarandas 2, FSH, et les Collines d’Auteuil, SIC) totalisent ainsi plus d’un millier de logements sur les près de 1500 qui sont sortis de terre récemment.P1030078

P1030024Ils sont désormais habités ou sur le point de l’être, sans que les infrastructures, notamment scolaires et routières aient suivies en proportion. Cela place la commune dans l’obligation de réaliser un volume important d’investissements alors même que les caisses sont vides et que l’endettement par habitant de la commune, hérité de l’ancienne mandature, est parmi les plus élevés des communes calédoniennes.

P1030027L’essentiel des recettes de la commune provient d’une quote-part des impôts prélevés par la Nouvelle-Calédonie et de dotations de l’Etat calculées notamment en proportion de la population communale. Pour une commune comme Dumbéa qui subit un très fort accroissement démographique -parmi les plus forts de Nouvelle-Calédonie-  il y a le plus souvent un décalage colossal entre la population « légale » qui sert de base aux dotations, et la population réelle à servir, et la population future dont on accompagne l’installation. D’où l’intérêt du recensement en cours qui permet de « remettre les pendules à l’heure » et de doter la municipalité de moyens un peu plus en rapport avec les besoins des populations à servir. La commune en a leplus grand besoin à l’heure ou elle recontre de sérieuses difficultés financières.

P1020421Le chantier de Dumbéa-sur-mer et de la ZAC Panda ne sont pas les seules opérations d’habitat d’importance à Dumbéa. Près de 1500 logements sont en construction dans le centre et sur les collines de Koutio, avec une proportion importante de logements sociaux.

 

On a bien du mal à croire que toutes ces opérations compte tenu de leur envergure seront neutres pour le budget de la commune.

accroissement-populationLa population de Dumbéa est passée de 284 habitants en 1956  à 18 602 habitants en 2004. Ces chantiers devraient faire doubler la population de la commune au cours de la prochaine décennie. Ne vont-ils pas absorber une part croissante des moyens communaux ?

Dans la période actuelle de vaches maigres, les recettes fiscales stagnent et les concours de l’Etat sont de plus en plus difficile à mobiliser. L’Etat commence déjà à évoquer une année blanche pour 2011, avant la prochaine génération de contrats d’agglomération. Les crédits, c’est comme la confiture sur la tartine. Quand on en a plus beaucoup, on l’étale ! 

Aussi, nombreux sont ceux  se demandent si tout cela ne se fera pas au détriment de l’entretien et de l’équipement des quartiers existants et du service aux populations déjà installées …Et vous, qu’en pensez-vous ?

Patrick DE VIVIESP1020825

foule-gens_~909-049-06Le sud de la commune a connu une urbanisation rapide à partir du début des années 70. Les quartiers résidentiels de Koutio et d’Auteuil se sont étendus dans la continuité du développement de Nouméa, par apport de population quittant la capitale pour la périphérie, ou s’installant dans l’agglomération en provenance de l’intérieur, des iles ou de l’extérieur du territoire.

Pour ces « nouveaux dumbéens » de l’époque, le sentiment d’appartenir à la commune de Dumbéa n’existait pas véritablement. Pour leur part, les habitants de la vallée de la Dumbéa avaient (ont encore ?) tendance à se considérer comme les seuls « vrais dumbéens ». Les nouveaux venus, récemment installés de l’autre côté du col de Tonghoué, étaient souvent perçus comme des immigrés sur le terroir dumbéen.

Je me souviens qu’au milieu des années 90, l’actualité concernant les quartiers de Koutio et d’Auteuil était présentée dans les Nouvelles Calédoniennes dans la page « Nouméa », ce qui illustrait bien que ces quartiers urbanisés périphériques à la capitale n’étaient pas reconnus comme dumbéens.

On voit bien que le sentiment d’appartenance à une communauté humaine, que ce soit au niveau d’une commune ou au niveau d’un pays, dépend du vécu de chacun d’entre nous. Il est très différent pour le jeune qui est né et a grandi à Koutio, pour le nouméen venant qu’acquérir une maison hors de Nouméa, pour le descendant d’une des grandes familles historiques de Dumbéa…

Ce sentiment d’appartenance relève de la démarche identitaire. Dans identitaire, il y a le fait de se sentir appartenir à ce qui nous est identique, de nous séparer de qui nous est différent. Ce sentiment identitaire se construit. On le voit bien en Nouvelle-Calédonie, ou le sentiment d’appartenance aux différentes communautés est très fort. La construction d’une communauté de destin, qui nous rassemble au-delà de nos différences communautaires, est née d’une volonté politique inscrite dans l’Accord de Nouméa.

Au niveau municipal, le fait de se sentir appartenir à sa commune ne va pas de soit, surtout lorsque l’accroissement de la population est fort. Cette identité se construit. La municipalité joue un rôle prépondérant dans cette construction, par les infrastructures et services qu’elle met en place, qui permettent aux populations de se rencontrer et de partager ensemble. Etre sorti de la même école, avoir joué sur les mêmes terrains de sports, assisté aux mêmes spectacles crée du lien… Mais la répartition des équipements peut aussi faire prédominer le sentiment d’appartenance à un quartier.

Les grands événements et festivités qui rassemblent la population contribuent également à fédérer à l’échelle d’une commune.

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Les choix opérés en matière de développement urbains sont aussi déterminent. Par exemple, les vues d’architectes qui nous ont « vendu » l’idée d’un centre urbain à Koutio décrivaient une esplanade avec des bancs ombragés, des fontaines, des cinémas, des restaurants et cafés avec terrasses accueillantes. En un mot des lieux où l’on peut se rencontrer, se trouver, qui offriraient une alternative sérieuse à la sortie sur Nouméa.

 

P1020421Les premières réalisations de ce centre sortent de terre juste en face du lycée du Grand Nouméa semblent bien éloignées de cet idéal urbain : des logements, beaucoup de logements sans âme.

 Le centre d’une ville est son cœur : le lieu ou peut se forger une identité dans la rencontre. A l’heure ou se construit à Dumbéa une ville nouvelle qui va conduire au doublement de la population communale, la question «  qu’est-ce qu’être Dumbéen aujourd’hui ? » a tout son sens. Il y a derrière l’enjeu humain un enjeu urbain. Comment réussir à créer un cœur à la ville, des lieux de rencontre au centre et dans les quartiers, comment attirer des activités à Dumbéa ?

Pour que notre commune tourne le dos au destin de banlieue dortoir dans lequel veut l’enfermer son attractive voisine. Sans renier les racines rurales qui forge notre identité originelle.