Développement urbain


péage savexpress kourioAuteur : Patrick DE VIVIES

En 2003-2004, les quatre communes de l’agglomération ont commandé au GIE ADEFRANCE, un groupement qui réuni des établissements publics d’aménagement, des établissements publics fonciers et des sociétés d’économie mixtes français, une étude d’aménagement de l’agglomération pour les quinze ans à venir. La maîtrise d’ouvrage déléguée pour la partie administrative et financière a été confiée à la SECAL et l’ADUA a assurée l’assistance au collège des Maîtres d’ouvrage composé des communes de Nouméa, Dumbéa, Paîta et Mont-Dore. Un diagnostic (septembre 2004) suivi d’une étude prospective (2004-2005) puis d’un projet d’agglomération a été réalisé par ADEFRANCE .

grand-nouméaLe projet d’agglomération d’ADEFRANCE prévoyait notamment  de « remplacer la voie rapide qui arrive en cœur de ville par un réseaux d’avenue structurantes. Cette transformation permettra de supprimer la coupure urbaine qu’elle représente, facilitant l’ouverture sur la mer et valorisera des terrains aujourd’hui délaissés ». (p219)

faire-de-la-savexpress-unr-« Une voie à caractère autoroutier en ville constitue, perpendiculairement à son tracé, une coupure urbaine (…) qui crée une rupture de fluidité dont l’onde de choc ralenti durablement la circulation ». (p220)

voie-urbaineEn un mot, ADEFRANCE propose en 2005 de transformer la voie express dans l’agglomération en voie urbaine ouverte, reliant les quartiers entre eux. Nous sommes en 2009 et le déplacement de péage, initialement envisagé en 2011, semble aujourd’hui reporté aux calanques grecques.

L’objectif pour la Savexpress est de faire financer par les habitants de Dumbéa et de Païta qui se rendent chaque jour à Nouméa le doublement des voies jusqu’à la Tontouta. Mais est-ce bien les résidents de la périphérie ainsi pris en otage qui doivent financer en lieu et place de ceux qui se rendent effectivement à la Tontouta ?

1384842972_6db2c0ec54La conséquence directe de ce choix absurde, inéquitable et irresponsable est de pousser des milliers d’automobilistes à éviter l’utilisation de la voie  à péage en s’engouffrant sur une RT1 mal entretenue, accidentogène et déjà saturée par l’augmentation du trafic en provenance de l’ensemble des quartiers de Koé, Nimba, La pépinière, Val d’ermitage, Les Koghis, Tonghoué, Auteuil qui n’ont pas d’autre alternative pour se rendre à Nouméa.

Notre mode de développement urbain n’est pas durable, ni même soutenable à moyen terme. Il convient de revoir autant nos choix urbains, dans le sens d’un rapprochement des zones d’activité des zones de résidence, que la manière de concevoir nos déplacements, trop focalisés sur le « tout automobile ». 10 000 logements se construisent à Dumbéa alors qu’aucune zone d’activité en proportion ne se crée. Ces nouveaux foyers vont déverser de 2009 à 2020 près de 20 000 voitures supplémentaires sur les deux pauvres axes (la RT1 et la voie express) déjà engorgés aux heures de pointes.

Avant qu’une solution d’ensemble ne puisse être engagée et produire ses fruits, il faudra une à plusieurs décennie. Des solutions à brève échéance peuvent être mises en oeuvre sans délai : le déplacement du péage au delà de Paîta et la transformation de la voie express en voie urbaine !

congestion-autoAuteur : Patrick DE VIVIES

Près de 80% des déplacements domicile-travail s’effectuent en véhicule particulier. Seulement 8% des déplacements domicile-travail s’effectuent en transport public (enquête ménages 2002).

Résumé des épisodes précédents : les activités et les équipements sont concentrés à Nouméa, et cela ne changera pas à court ou moyen terme, plus de 10 000 logements se construisent à Dumbéa ce qui déversera d’ici 2020 environ 20 000 voitures supplémentaires sur les routes menant sur la capitale.

Or les principales voies de communication sont déjà arrivé à un point de saturation grave aux heures de pointe. C’est le constat établi à de nombreuses reprises sans qu’un début de solution ait été engagé. Nous publions à titre d’exemple quelques extraits accablants du schéma de cohérence de l’agglomération nouméenne consacrés au problème des déplacements.

« Quotidiennement, ce sont des milliers de véhicules qui sont déversés à l’entrée de Nouméa sur les quatre principaux axes de l’agglomération : la VDO depuis Koutio et Païta, la RT1 depuis Dumbéa Nord et Païta et la VDE ou la RP1 depuis Mont Dore.
Les mesures de temps de parcours montrent une forte dégradation des conditions de circulation en période de pointe de trafic par rapport aux heures creuses sur ces voies :

temps-de-parcours

La rapide dégradation de la situation au cours des deux dernières années est flagrante. Ceux qui se déplacent au quotidien vers Nouméa constatent une augmentation de près de 50 % des temps moyens de trajets relevés en 2007. Ces temps moyens ne traduisent pas les intenses variations autour de la moyenne dès que survient une perturbation, même minime (accident, pluie, travaux, grève…) ou pendant l’hyperpointe (horaire le plus chargé en période de pointe), qui conduisent à des trajets depuis Dumbéa nord dépassant l’heure de trajet.

« Le réseau routier souffre d’un manque de hiérarchisation des voies et d’un manque de liaisons structurantes à forte emprise dans Nouméa au regard des besoins de déplacements entre secteurs. La VDO est le seul axe véritablement structurant à l’échelle intercommunale, alors que la VDE et la RP1 sont de simples infrastructures à 2×1 voies et que les abords de la RT1 ont été largement urbanisés. L’absence d’un maillage de voies transversales reliant ces pénétrantes augmente considérablement le phénomène d’étranglement du centre-ville. Les nombreux carrefours giratoires rythmant les itinéraires ne permettent pas de réguler les flux et constituent des points noirs de la circulation (carrefour Berthelot, carrefour Rabot). La résorption de ces difficultés aux noeuds stratégiques du réseau ne suffira pas à garantir le retour à une situation pérenne de « non congestion » dans la mesure où les capacités (nombre de véhicules que peut écouler une infrastructure) en centre-ville sont limitées ».

carte-dumbea-Sites-potentie(…) « La croissance très soutenue des trafics contribue au renforcement des problèmes de circulation d’année en année, d’autant qu’aucune alternative crédible à l’usage de la voiture n’est proposée aux habitants du Grand Nouméa. Ce qui est d’autant plus préjudiciable que les principaux axes d’entrée sur Nouméa (VE1 – VE2 et VDE ), de part leur statut de « voie express », sont interdits à certaines catégories d’usagers : piétions bien sûr mais aussi cyclomoteurs et motocyclettes légères ».

(…) « L’échec de la politique de développement du réseau routier a des conséquences doubles : les investissements conséquents réalisés dans le domaine des routes n’a seulement conduit qu’à une augmentation des trafics accompagnée d’une aggravation des problèmes de circulation, et, par ailleurs, la focalisation des collectivités sur les problématiques routières a occulté les problématiques de transport public, parent pauvre des politiques de déplacements. »

Bien évidemment « les encombrements de circulation provoquent-ils des répercussions importantes sur le fonctionnement des transports collectifs (TC). En effet on a pu observer ces dernières années une dégradation significative des temps de parcours des transports publics ».

Il est clair que les solution au problème de fond nécessite la mise ne oeuvre d’un projet ambitieux basé conjointement sur la mise en place d’une réelle alternative au déplacement automobile, sur le développement d’une hierarchisation cohérente du réseau routier, sur le renforcement d’une offre de stationnement en adéquation avec une réelle volonté politique de freiner le développement des déplacements automobiles vers Nouméa, sur la décentralisation d’un certain nombre de services publics et d’activités vers la périphérie, bref sur une stratégie d’ensemble qui prendra au mieux une décénie, au pire plusieurs pour se concrétiser.

péage de KoutioEn attendant la mise en oeuvre de solutions de fond, des réponses urgentes doivent être apportées à la dégradation rapide et chronique de l’engorgement des rares voies d’accès à Nouméa. Parmi les solutions maintes fois recommandées, le déplacement du péage après le village de Païta et la transformation de la Savexpress en voie urbaine ouverte sur les quartiers apportera une amélioration relative immédiate à des milliers d’automobilistes.

La construction en complément de voies reliant l’actuelle voie express à la RT1, notamment entre l’école Higginson et Dumbéa-sur-mer à travers la ZAC Panda répond à la nécessité de mailler et de relier entre eux anciens et nouveaux quartiers. Il y a désormais urgence à agir…

 

Patrick DE VIVIES

P1030028

AUTEUR : Patrick de Viviès

Plus de 10 000 logements se construisent à Dumbéa (1). Avec en moyenne 4 personnes par foyers, ce sont près de 40 000 personnes qui habiteront ces 10.000 logements d’ici 2020-2025.

source :schéma de cohérence de l'agglomération

source :schéma de cohérence de l'agglomération

Comme chaque ménage possède en moyenne 2 voiture par foyer, ce sont près de 20.000 véhicules qui vont arriver sur les routes dumbéennes à l’horizon 2020, sur les 50 000 qui vont entrer en circulation dans le Grand Nouméa.

Comme il n’y a pas beaucoup d’activités qui s’installent à Dumbéa et que la capitale concentrent une grande majorité des équipements, services et loisirs, une augmentation importante des besoins de déplacements est prévisible.

parc-de-voiture-grand-noumeMais Nouméa n’est pas en capacité d’absorber un tel flux de circulation quotidienne en provenance de la périphérie, ni de permettre le stationnement d’un tel volume de véhicule. Le stationnement de 50 000 véhicules supplémentaires nécessite une surface au sol de 125 ha, soit l’équivalent du centre ville de Nouméa…

déplacement-journalierNotre mode de développement n’est pas durable, pas soutenable à moyen terme. Nous devons sortir de la civilisation du « tout automobile » et du « tout à Nouméa » qui ne nous mène nulle part.

Patrick DE VIVIES

(1) source : schéma de cohérence l’agglomération nouméenne 

Auteur : Patrick DE VIVIES

noumea-SLNDans l’article Dortoir-sur- mer, je me demandais si « la commune de Dumbéa saura (…) échapper à son destin de cité dortoir dans lequel tends à l’enfermer son attractive voisine ? »

Quelques tableaux extraits du schéma de cohérence de l’agglomération illustrent parfaitement ce propos. Nouméa concentre la presque totalité des équipements, services, fonctions et activités du Grand Nouméa.

concentration-équipement-néConcentration-équipements-N

En 2004, 62% des habitants de l’agglomération vivent à Nouméa alors que 85% à  100% des activités sont à Nouméa. Ce qui fait préciser à l’auteur du document que « cet écart de + ou – 25 à 30 points entre la géographie de la résidence et la géographie des générateurs de déplacements représente (…) un potentiel de déplacements tous motifs s’appliquant à environ 45 000 habitants soit la population du Nouméa des années 60″.

circulation« La pression est forte sur les réseaux de transport, le temps perdu et les impacts environnementaux des déplacements motorisés correspondants sont très significatifs, le coût d’adaptation et réalisation des nouvelles infrastructures de transport nécessaires pour desservir la presqu’île nouméenne sont importants. En un mot il n’est pas sûr que l’armature urbaine actuelle soit ni durable à long terme, ni même équitable pour les personnes au regard du temps et du coût des déplacements ».

Pour cette raison, le schéma recommande la mise en place d’une armature urbaine « mieux équilibrée plus efficace » et donc de redistribuer les activités afin « d’assurer un équilibre satisfaisant d’accès de tous aux fondamentaux de la vie collective : éducation, santé, loisirssports-culture, commerce et… gares ou lieux de transports. »

P1030080On le voit bien, il y a une étroite relation entre la nature du développement urbain et les problèmes de transport en général et de circulation automobile en particulier. La distance entre les lieux d’activité et lieux d’habitation provoque structurellement du déplacement. 10 000 logements se construisent sur Dumbéa mais peu d’activités s’installent. Ou cela nous mène-t-il ?

Patrick DE VIVIES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Page précédentePage suivante »