En parcourant le bord de mer dans le lotissement de la pointe à la dorade, qui est le premier quartier habité de Dumbéa-sur-mer, la menace pesant sur la mangrove dumbéenne est bien visible. Ordures, plastiques, déchets ménagers sont abandonnés en abondance sur chacun des cul-de-sac du lotissement qui offrent un accès à la mer. On y trouve même, à quelques mètres de l’eau, des déchets hautement toxiques comme des batteries, abandonnés dans ce qui ressemble à de véritables dépotoirs sauvages.
Mais cette pollution du fragile écosystème de la mangrove n’est que la partie visible de la pression résultant de l’urbanisation rapide de la façade maritime de Dumbéa. En effet, le réseau de traitement des eaux usées de ce lotissement qui accueille environ trois cents foyers n’est aujourd’hui pas opérationnel, si bien que l’on peut légitimement se demander si une part importante de cette pollution ne va pas directement dans la mangrove et à la mer. (voir Les Nouvelles Calédoniennes du 30 janvier 2009)
En effet une station d’épuration provisoire de 240 équivalents habitants avait été construite par le promoteur du lotissement en attendant d’en construire une plus grande. Mais la construction de cette dernière a été refusée par la mairie en 2004, parce qu’elle empiétait légèrement sur une zone maritime. Puis, lorsque le secteur a été intégré dans la zone d’aménagement concertée de Dumbéa-sur-mer en 2006, le lotissement de la pointe à la dorade s’est trouvé au milieu d’un véritable imbroglio juridico-financier opposant l’ancien promoteur, la commune de Dumbéa, la Secal, gestionnaire de la ZAC pour le compte de la Province sud (voir Les Nouvelles-Calédoniennes du 11 novembre 2008)
Depuis près de quatre ans, les pouvoirs publics sont donc informés que la station d’épuration est saturée. Avec les conséquences qui en découlent en terme d’hygiène publique et d’environnement, sans qu’une solution n’ait pu être trouvée.
Comme si cela ne suffisait pas, la mangrove doit à présent absorber les milliers de mètres cubes de boues que les pluies drainent. En effet, plus de deux cents hectares sont en cours de terrassement sur le vaste chantier de Dumbéa-sur-mer et les pluies des ces derniers mois sont la source d’une intense érosion.
Cette imposante pression sur un écosystème aussi fragile que la mangrove surprend de la part d’acteurs publics engagés dans un aménagement urbain novateur présenté comme respectueux de l’environnement.
La mangrove joue un rôle central dans la chaine alimentaire du lagon, dans la préservation de la mer contre l’érosion et dans la reproduction des poissons. Et notamment dans la reproduction des poissons d’eau douce vivant dans la Dumbéa, comme l’on démontrés les études (1) sur la faune de poissons d’eau douce réalisées par Dumbéa rivière vivante et par la Province sud. La Dumbéa abrite une faune dulçaquicole parmi les plus diversifiée de Nouvelle-Calédonie. La plupart des espèces recensées dans le cours supérieur vont se reproduire dans la mangrove de l’estuaire aujourd’hui en danger.
Il serait donc grand temps que les pouvoirs publics se mobilisent pour limiter l’impact de l’urbanisation de cet écosystème en danger. Ne croyez-vous pas ?
(1) Faune ichtyologique et carcinologique de Nouvelle-Calédonie, Christine Poellabauer,Province sud, Faune aquatique de la Rivière Dumbéa, Christine Poellabauer, Dumbéa rivière vivante.
30 juillet 2009 at 4:11
Il s’agit bien ici d’un problème purement politicien, n’est-ce pas ?
30 juillet 2009 at 7:19
Il ne s’agit pas d’un problème de conception du projet d’urbanisme, si c’est cela que tu veux dire, mais d’un problème d’articulation d’un historique avec un projet nouveau, et de confrontation des différents acteurs, publics et privés, entre eux.
30 juillet 2009 at 9:21
Toutes mes félicitations pour votre blog et pour cet article concernant la baie de la Dumbéa et la grave pollution engendrée par la défaillance du réseau d’assainissement du lotissement de la Pointe à la Dorade où j’habite .
Pour vous enlever tout doute sur la réalité de cette pollution , j’ajoute deux informations :
1-La station d’épuration pour 240 personnes (nous sommes plus de 600), installée par Ménaouer/Dogo ne sert à rien car aucun tuyau d’eaux usées n’y est connecté . Quand elle n’est pas en panne , elle brasse de l’eau potable qu’elle rejette à la mer . Les trois lits de séchage (bassins de récupération des boues traités)sont vides .
Cette station est un leurre pour faire croire que nos eaux usées sont traitées . Elles n’ont donc pas d’autre échapatoire que la mer .
2-Pour s’en convaincre il faut observer le fonctionnement des neuf postes de refoulement du réseau situés en bord de mer. Certains sont en panne et » aux abords de certains regards qui sont bouchés , l’eau polluée stagne « ,…, » un regard déborde et soulève même le couvercle » (citations d’un p-v d’huissier). Les postes qui tournent brassent nos eaux usées et , au lieu de les refouler vers la station d’épuration inopérante , ils les déversent dans » dans le réseau des eaux pluviales vers la mangrove située non loin « (même p-v d’huissier)
A deux reprises j’ai procédé au test de la teinture . Versée dans nos w-c , elle est apparue dans la mangrove par une buse des eaux pluviales .
Il n’y a donc pour moi aucun doute : DEPUIS 4 ANS TOUTES LES EAUX USEES DE LA DORADE VONT A LA MER . Soit , par un cacul rapide : 300 tonnes de matières fécales et 1000 tonnes d’urine , sans comter les graisses , les phosphates des lessives …
Avec quelques autres habitants , jai déposé une plainte contre X pour pollution maritime visant Méanouer/Dogo(le lotisseur), la mairie (pour un certificat de conformité du lotissement de complaisance et son refus d’interdire provisoirement la pêche et la baignade dans la baie) , et la Province/Secal pour leur négligence .
Votre action pour la Dumbéa rejoint donc aussi la nôtre pour son embouchure .
Bon courage .
Yves Quillien
31 juillet 2009 at 7:47
[…] D’abord, en début de semaine, il y a eu quelques mots gentils sur le blog de la pointe à luzerne, qui nous a amené de nouveaux lecteurs, notamment parmi les amis de la pointe à dorade qui ont lu avec attention l’article La Mangrove en danger ? […]
31 juillet 2009 at 10:19
Outre l’impact écologique, largement évoqué dans la réponse précédente,dû au rejet des eaux usées domestiques [eaux ménagères (lessive, cuisine, toilette …) mais aussi eaux vannes (urines et matières fécales)], on peut s’interroger sur l’utilisation de la redevance d’assainissement dont le prix au m3 est deux fois plus élevé que celui facturé aux usagers la Commune de Nouméa.
L’abonné paie donc mais pour quel résultat ?
5 août 2009 at 11:39
Il existe deux taxes:
1- LA TAXE DE RACCORDEMENT AU RESEAU PUBLIC D’ASSAINISSEMENT: payable une fois à la mairie de Dumbéa,contre la délivrance du permis de construire de la maison(petit chantage illégal).Montant :170.000F environ.
La Dorade n’étant toujours pas raccordée au réseau public,j’ai demandé au maire de nous la rembourser. Il refuse pour de mauvaises raisons.
2- LA TAXE D’ASSAINISSEMENT(collecte et traitement des eaux usées)perçue par la CDE sur chaque facture d’eau.Pour la même raison,j’ai demandé à la CDE de cesser de nous facturer cette taxe et de nous rembourser les sommes prélevées depuis notre installation en 2005.Après avoir un peu résisté,la CDE a intelligemment accepté,pour TOUS les habitants du lotissement. Depuis le début de l’année elle ne facture plus et rembourse les sommes versées.Une petite victoire!!
Pour les habitants de Dumbéa que cela intéresse,je tiens à disposition les correspondances échangées avec la CDE.
8 août 2009 at 7:16
En tant que responsable du dossier « S.eau.S, Bassin de Koé », au sein de l’Association des Riverains de KOE, je suis vivement intéressé par cette correspondance d’autant que j’ai déjà reçu un appel téléphonique d’une personne ayant des difficultés à obtenir gain de cause.Certes, l’article 46 VOIES DE RECOURS DES USAGERS figurant dans l’Annexe 9 au Cahier des Charges de la Distribution d’eau Potable de la Commune de DUMBEA (Règlement du Service Assainissement) stipule que: « En cas de faute du service d’assainissement, l’usager qui s’estime lésé peut saisir les tribunaux judiciaires, compétents pour connaître des différends entre les usages d’un service public industriel et commercial et ce service, ou les tribunaux administratifs si le litige porte sur l’assujetissement à la redevance d’assainissement ou le montant de celle-ci.
Préalablement à la saisie des tribunaux l’usager peut adresser un recours gracieux au Maire ou Président du Syndicat, responsable de l’organisation du service. L’absence de réponse à ce recours dans un délai de quatre mois vaut décision de rejet. »
Ces procédures peuvent être longues et coûteuses, c’est pourquoi j’accueille avec plaisir votre proposition et je vous en remercie par avance.
Vous pouvez me joindre par l’intermédiaire de notre toute nouvelle association.
P.S: Je crois qu’il y a une coquille dans le texte que m’a remis la C.D.E et qu’il faut lire: « entre les usagers d’un service public industriel et commercial et ….
8 octobre 2009 at 1:13
[…] jugulé, il suffit de se rendre sur place un jour de forte pluie pour constater les milliers de mètres cubes de terre qui se déversent dans la mer en raison de l’érosion résultant des imposants […]
20 octobre 2009 at 3:04
« La chambre relève que la commune a créé en 1998 une redevance de raccordement qui représente le prix de raccordement aux réseaux d’eau et d’assainissement. Elle est perçue lors de l’octroi du permis de construire. Mais, en dehors de ce cas spécifique – il s’agit d’une redevance – la création de prélèvements locaux relève de la compétence du territoire. »
(in Rapport d’observations définitives concernant la commune de Dumbéa par la Chambre territoriale des comptes de Nouvelle-Calédonie page 49)
21 octobre 2009 at 8:20
[…] usées étaient traitées, indiquait Yves Quillien“ dans un commentaire à l’article la mangrove en danger publiés sur ce blog . Ceci est la station d'épuration provisoire sur laquelle était […]
31 janvier 2011 at 11:11
votre article est très bien redigé.je suis etudiante en master au cameroun et mon memoire porte sur la pollution marine,conséquences sur les ecosystemes marins cas de la mangrove du wouri.j aimerais bien echanger avec vous mes rapport de terrains.